Ma vision du problème.
Alors que nos dirigeants semblent porter beaucoup d’attention au réchauffement climatique et aux techniques pour le contrôler, je n’y vois là qu’un prétexte pour faire accepter une transition industrielle nécessaire pour maintenir coûte que coûte la spirale travail-production- consommation. Qu’est-ce qui justifie à mes yeux cette suspicion ?
Depuis le début de l’ère industrielle, l’augmentation du taux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère représente un changement de la composition chimique de l’air sec de de moins de 0,02 % (voir page 39 de mon livre). Pas vraiment de quoi détruire une biosphère qui en a probablement déjà vu d’autres au cours de ses 3,5 milliards d’années d’existence. Par contre, nos dirigeants passent sous silence le fait que, durant la même période, les activités humaines modifiant la biosphère ont été multipliées par plusieurs centaines de fois (voir Annexe A de mon livre et le blog du 12 janvier 2023). Si on accepte que dans la Nature tout est lié, alors il nous faut aussi accepter que si l’Homme modifie l’état de la biosphère, le climat et la biodiversité de cette dernière changent aussi. Ainsi, contrairement à la thèse de la science officielle, les changements climatiques ne seraient pas uniquement liés aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais avant tout au cumule des activités humaines passées et présentes soutenues par les énergies exogènes. Le CO2 anthropique ne jouerait qu’un rôle modeste comparé au dégazage de CO2 des océans sous l’effet de l’augmentation de leur température1. Et pourquoi les océans se réchaufferaient-ils ? Il y a probablement plusieurs raisons à cela (voir Annexe C de mon livre) mais, pour ma part, j’en ai identifié une, à savoir la diminution anthropique de la complexité de la biosphère (voir chapitre 5 de mon livre ou le blog du 27 novembre 2022). Ainsi, l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère ne serait pas tant la cause première du réchauffement planétaire, mais avant tout son effet. Si cette vision devait se confirmer, alors la stratégie proposée par la science officielle pour « sauver la planète » ne serait plus valable. L’application stricte de l’Accord de Paris, pour autant que ce soit possible, serait presque sans effet sur le climat et carrément nul sur la conservation de la biodiversité tout comme sur le risque d’effondrement de notre modèle économico-industriel. Cette vision pourrait toutefois donner raison à ceux qui prêchent une décroissance programmée de l’ensemble des activités humaines sans rien perdre des bienfaits de la civilisation. Dans le blog du 10 février 2023 et dans le chapitre 6 de mon livre, je donne mon avis pourquoi une telle décroissance devrait être considérée comme une utopie irréalisable.
Toutefois, si une décroissance programmée au niveau mondial ne semble pas possible, nous devons nous attendre à une décroissance spontanée et incontrôlable des activités humaines. Cette décroissance nous sera imposée par toute une série de fléaux que nous aurons nous-même provoqués par l’irrespect de ce qui nous permet d’exister : la biosphère. Ils se présenteront sous la forme de pandémies virales et bactériennes, de famines, de catastrophes industrielles et écologiques, de phénomènes météorologiques de plus en plus dévastateurs, de guerres, de révoltes, de pertes de confiance quasi généralisées envers les classes dirigeantes, de crises économiques et sociales et surtout de manque de flux d’énergies et de matières pour faire fonctionner correctement notre civilisation (voir le blog du 26 janvier 2023). Tous ces fléaux auront pour effet de diminuer fortement l’espérance de vie, entraînant du même coup une chute spectaculaire de la démographie mondiale, laquelle rendra impossible la continuation de notre paradigme économico-industriel (voir le blog du 3 février 2023).
Il faudra interpréter ceci comme une contre-réaction de la biosphère pour protéger son intégrité (voir blog du 17 février 2023). En effet, l’observation et l’expérience nous disent que chaque fois qu’une espèce prend trop de place dans la biosphère, cette dernière réagit en ramenant le nombre d’individus de l’espèce ravageuse à sa « portion congrue ». En clair, cela veut dire que la maltraitance de la biosphère par nos abus d’activités devrait à terme ramener la population mondiale, au mieux à ce qu’elle était avant l’utilisation massive des énergies exogènes à l’Homme, au pire à un nombre encore plus faible.
Si cette vision est correcte, cela voudrait dire que, quoi qu’on entreprenne de nos jours, notre civilisation mondialisée est vouée à se déliter progressivement pour finalement disparaître quasi complètement, peut-être en un ou deux siècles au meilleur des cas ou, au pire s’effondrer en quelques décennies. Cette dernière probabilité augmente d’autant plus si nous persistons encore longtemps dans la conservation de notre modèle économico-industriel. Si, sauver notre civilisation n’est plus possible, alors nous serions bien inspirés de concentrer tous nos efforts à chercher comment nous adapter à ce qu’il risque de nous arriver.
En résumé, nous sommes ici face à au moins deux scénarios possibles pour le futur. Celui qui fait consensus actuellement est le scénario A (voir blog du 1er mars 2023). C’est celui qu’ont adopté quasiment tous les pays. Il est défendu par quasi l’ensemble des gouvernements, l’ONU et la science officielle. Le scénario B est celui présenté dans mon livre et dans ce site. Ces deux scénarios prétendent avoir identifié les causes physiques de nos problèmes présents et futurs, en particulier dans les domaines de l’énergie et de l’écologie. Les causes identifiées étant très différentes d’un scénario à l’autre, les stratégies pour les résoudre diffèrent obligatoirement.
Le scénario A incite les populations à suivre les recommandations de leurs gouvernements, recommandations élaborées par la science officielle, afin que notre civilisation puisse prospérer encore longtemps.
Le scénario B dit que, quoiqu’on fasse, notre civilisation va, ou a déjà commencé à se déliter. Il n’y a pas de remède pour empêcher ce phénomène. Au lieu d’aggraver ou d’accélérer le phénomène de délitement en poursuivant jusqu’au-boutiste les actions pour soit disant « sauver la planète », comme le propose le scénario A, les populations du monde entier n’auront que très peu de temps pour s’adapter au nouveau mode d’existence, courant même le risque d’un chaos social mondialisé dont personne ne sait ce qui en émergerait.
Il est possible, mais pas certain, que la disparition attendue de notre civilisation mondialisée marque la fin de ce type d’organisation sociétale. Si le chaos social pouvait être évité au profit d’un délitement progressif, alors cet événement planétaire pourrait être l’étape nécessaire pour que l’humanité puisse converger vers une variété d’organisations sociétales locales plus harmonieuses et plus pérennes.
Pour enfoncer le clou encore un peu plus profond, permettez-moi une petite métaphore :
Tout bâtisseur sait que la construction du plus beau, du plus prestigieux, du plus admirable édifice sur une base instable est vouée à se fissurer puis à s’effondrer tôt ou tard. Inutile d’essayer de réparer les fissures et reconstruire les parties détruites. La solution la plus sage est de l’abandonner puis reconstruire quelque chose d’autre ailleurs, sur un terrain plus solide et plus approprié pour ce que l’on cherche à réaliser. Il en va de même pour les constructions sociétales appelées « civilisations » qui toutes reposent sur le terrain de l’idéologie humaine. Ce n’est pas un terrain stable. L’ Histoire nous le dit : Toutes les civilisations ont été, ou sont appelées à disparaître les unes après les autres. Nous devrions alors construire notre prochaine organisation sociétale sur le terrain stable et solide de la biosphère. Il nous permettra de réaliser de nombreuses et variées sociétés humaines, à la fois pérennes et harmonieuses, adaptées à la région et à la population où vit cette dernière. A méditer !
Ainsi, au lieu de se lamenter sur le délitement possible de notre civilisation, prenons cela comme une opportunité unique de changer notre paradigme existentiel en un autre, plus adapté aux lois de la Nature et aux besoins fondamentaux des humains2. En effet, la période critique pour l’humanité que nous traversons actuellement devrait donner l’occasion aux nouvelles générations d’accomplir la plus difficile, mais aussi la plus belle, la plus longue et la plus étonnante évolution pacifique de l’histoire de l’humanité. Jamais, il ne leur aura été donné un objectif aussi noble et aussi passionnant pour développer un ou plusieurs nouveaux modèles sociétaux, spécifiques à leur région, plus en phase avec les aspirations de chacune et de chacun, mais toujours en accord avec les lois fondamentales de la Nature.
Vous allez certainement me dire: Bon, d’accord, et alors on fait quoi maintenant ? Un certain nombre de mes lecteurs m’ont fait part de leur déception de ne pas trouver, à la fin de mon livre, des propositions d’actions concrètes pour faire évoluer positivement l’humanité.
Je n’ai en effet aucune solution concrète à proposer. Je ne suis pas un gourou. Je n’ai pas la prétention de montrer le droit chemin, ni d’enseigner ce qu’il faut faire et ne pas faire pour sauver la planète, l’humanité ou même simplement notre civilisation. Il y a une pléthore de gens qui s’en occupent déjà. Toutefois, et il faut le reconnaître, le résultat de leurs actions n’ont pas toujours été au niveau de leurs intentions. Elles ont même parfois fait plus de mal que de bien.
Si je me suis intéressé au problème civilisationnel c’est parce-que, comme beaucoup d’autres personnes, j’avais et j’ai encore le sentiment que notre civilisation amorçait son déclin. C’est donc d’abord par curiosité et parce que cet événement présumé pourrait concerner non seulement des milliards d’individus, mais aussi toucher mes proches et ceux que j’aime que j’ai voulu, à ma retraite, consacrer du temps à vérifier ma présomption. De par ma formation, j’ai tenté d’établir une sorte de diagnostic étiologique sur les maux qui menaceraient l’existence de notre civilisation économico-industrielle. Bien sûr, mes conclusions n’engagent que moi. Si j’ai mis mes travaux à la disposition du public, c’est pour en débattre, car je n’ai aucune certitude, mais que des présomptions.
Mon expérience hospitalière m’a appris que, quel que soit le diagnostic posé, avant d’entreprendre l’action thérapeutique que le diagnostic suggère, il est absolument nécessaire de le confirmer ou de l’infirmer, voir l’améliorer. Pour cela, et vu l’urgence du problème, les personnes qui seront en charge d’établir la qualité de mon diagnostic devraient éviter de se perdre dans des détails peu importants, dans des polémiques stériles ou encore défendre d’abord ce qui leur tient personnellement à cœur (voir la difficulté de communiquer dans l’annexe E de mon livre). Idéalement, plus il y aura un grand nombre de travaux indépendants et honnêtes entrepris dans un maximum de pays, plus il sera facile d’établir si le diagnostic proposé est peu probable, probable ou très probable. S’il est jugé probable ou très probable, alors la première chose à faire sera de prendre conscience de ses causes premières et d’étudier si nous avons les moyens d’organiser une thérapie efficace et réalisable pour éviter le pire. Si nous n’en avons pas, et c’est ce que je crains, alors nous devrions faire confiance à la Nature et la laisser faire son travail.
Ceci dit, la fin présumée de notre civilisation ne devrait pas être prise comme un échec ou comme une faute. Tout être vivant, toute espèce apprend à s’adapter à son environnement en faisant des essais, des expériences et des erreurs. Rien n’est statique dans la Nature. Les environnements changent, le comportement des espèces change par nécessité. L’expérience de la civilisation économico-industrielle mondialisée n’est finalement qu’un flash dans l’histoire de l’Humanité. Si effectivement, nous sommes en train de suivre une trajectoire dangereuse et que nous sommes capables d’en prendre conscience, alors il deviendra évident que notre façon de penser devra complètement changer.
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1 https://www.science-climat-energie.be/faq-5-lien-entre-temperature-et-co2/
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Besoins_humains_fondamentaux
Comments (2)
Ja ich bin begeistert ueber ihre Beurteilung unserer Welt und deren Zivilisationen.Spannend zu denken was noch kommen wird.Warum ist zb die roemische Zivilisation untergegangen? Ja wir sangen das Lied:Als die Roemer frec h geworden…Sie wuden von den Germanen diszipliniert und eliminiert. Wer macht(versuçht) das mit den Israelis? Die Hamas.Solche Paralellen zu ziehen finde ich spannend .Ihr Buch habe ich noch nicht gelesen-scheint mir aber lesenswert! Hans K.Peter,Basel
Vielen Dank für Ihr Interesse an meiner Arbeit und vielen Dank auch für Ihren Kommentar. Ja, ich denke, wir haben gute Gründe, uns Sorgen um die Nachhaltigkeit unseres wirtschaftlich-industriellen Paradigmas zu machen. Viele rote Ampeln weisen uns darauf hin, dass das Risiko eines Zerfalls zunimmt. Da dieses Paradigma das Rückgrat unserer globalisierten Zivilisation ist, wird das andere folgen, wenn das erste verschwindet.
Dies ist jedoch nicht das Ende der Menschheit, sondern, zumindest hoffe ich, die Hoffnung, dass eine andere Menschheit geboren wird, die mehr im Einklang mit den Naturgesetzen und den Grundbedürfnissen der Menschen steht. Ich glaube nicht, dass dieser Übergang von mächtigen politischen, religiösen oder militärischen Organisationen bewerkstelligt werden kann. Ich denke vielmehr, dass die Erlösung von kleinen Gruppen von Menschen kommen wird, die daran interessiert sind, lokale Lösungen zu finden, ihre eigenen Bedürfnisse zu befriedigen und gleichzeitig die anderer zu respektieren. Einfaches Vorgehen ist wahrscheinlich der sicherste Weg, dorthin zu gelangen. Vielleicht ist die ländliche Schweiz ein Ort, an dem dieser Übergang funktionieren könnte.
Vielen Dank auch, dass Sie mein Buch kaufen möchten, obwohl dies nicht notwendig ist. Erstens ist es auf Französisch, was aufgrund der langen Verzögerungen nicht einfach zu bestellen ist. Ich denke, alle meine Blogs decken das ab, was in meinem Buch geschrieben steht. Wenn das von mir behandelte Thema Sie interessiert, lade ich Sie ein, alle meine Blogs zu lesen und sie in dem dafür vorgesehenen Abschnitt zu kommentieren, zu kritisieren, andere Visionen vorzuschlagen usw. Je mehr von uns diese Übung machen, ohne im Moment etwas ändern zu wollen, desto wahrscheinlicher ist es, dass wir eine oder mehrere anwendbare Lösungen finden. Um voranzukommen, ist es wichtig, jede Meinung zu respektieren.
Ich freue mich darauf, weitere Kommentare von Ihnen und vielleicht auch von Ihren Freunden zu lesen.
Ich wünsche Ihnen einen schönen Abend.
Jacques Niederer