La COP 27 et les suivantes, sauveront-elles le monde ?
Note importante : le lecteur est prié de considérer les valeurs données dans ce blog comme des ordres de grandeur, pas très précises, mais jugés néanmoins raisonnables dans le contexte du message qu’il veut transmettre. La marge d’erreur sur les estimations des flux d’énergies est considérable peut-être de l’ordre de 20 à 30 % au minimum. Voir plus d’explications ici (1). En conséquence, les flux d’énergies ne seront donnés qu’avec un ou deux chiffres significatifs.
La COP 27 se tient actuellement à Charm el-Cheikh en Egypte du 6 au 18 novembre 2022. Elle a pour mission de s’assurer que les pays signataires de l’Accord de Paris respectent bien leurs promesses, leurs engagements, leurs ambitions en matière de climat en actualisant les contributions déterminées au niveau national (CDN).
Depuis 2015, date de la COP21 et de l’Accord de Paris, les flux d’énergies fossiles utiles ont continué à croître. Peut-être qu’au mieux ils se stabiliseront aux environs de 80’000 TWh/an vers 2025. Afin de maintenir l’élévation de la température moyenne de l’atmosphère en dessous de 2 °C, l’Accord de Paris recommande la neutralité carbone vers 2050. Ceci revient à dire qu’en première approximation le flux mondial d’énergies fossiles devrait tendre aussi vers 0 aux alentours de 2050.
Supposons que cette décroissance, recommandée par le GIEC, commence en 2025. Pour atteindre le zéro en 2050, la décroissance annuelle moyenne de flux d’énergies fossiles devrait être de l’ordre de 3’200 TWh/an (soit la perte d’un flux d’énergie de 80’000 TWh/an en 25 ans). Afin de maintenir le bon fonctionnement de notre civilisation mondialisée, cette perte de flux d’énergie devra être compensée, de manière synchrone, par l’augmentation de la production des flux mondiaux d’énergies alternatives (hydroélectrique, nucléaire, éolienne, solaire, biomasse, etc.), qui s’élèvent actuellement aux alentours de 20’000 TWh/an. Ainsi, toutes les industries de flux d’énergies alternatives devront augmenter leur production annuelle d’au minimum 16 %. Toutefois, pour maintenir la croissance nécessaire à la survie de notre système économique, ils devront encore ajouter les 1’500 TWh/an supplémentaires que notre civilisation mondialisée demande chaque année pour faire croître son système économique. Ainsi, la production mondiale annuelle d’énergies alternatives devra fournir, en plus de ce qu’elle fournit déjà, 4’700 TWh (3’200+1’500). Pour se donner une idée de l’effort que cela représente, rappelons que le plus grand barrage hydroélectrique au monde, dit des Trois Gorges en Chine, fournit un flux d’énergie légèrement supérieur à 100 TWh/an (2). Puisqu’il aura fallu une vingtaine d’année pour le faire, ce barrage aura contribué à un accroissement annuel d’énergie de 100/20= 5 TWh. Un puissant réacteur nucléaire de type EPR fournit environ 12 TWh/an. La durée de sa construction varie entre 5 et 12 ans, soit une contribution annuelle de 1 à 2,4 TWh/an. L’ensemble de toutes les éoliennes fonctionnant sur terre et sur mer dans le monde entier ont contribué en une vingtaine d’années à un accroissement annuel d’énergie utile de l’ordre de 80 à 100 TWh/an, soit environ 4 à 5 TWh/an. Essayez maintenant d’imaginer le mix énergétique (3) qu’il va falloir construire chaque année pour assurer 4’700 TWh.
Quel que soit ce mix énergétique, il représente un marché de centaines, voire de milliers de milliards de dollars. Devant l’ampleur de cette somme, la raison perd la raison et le bon sens n’a plus de sens. Telles les vestales veillant sur le feu sacré, l’hubris de notre civilisation continuera, quoi qu’il en coûte, à veiller à ce que la spirale travail-production-consommation ne s’éteigne jamais.
Question ? Pensez-vous que l’industrie mondiale soit suffisamment puissante pour relever ce défi industriel ? À mon avis, c’est très peu probable ! D’autant plus qu’à ces 4’700 TWh/an, il faut encore ajouter les flux d’énergies supplémentaires non-négligeables destinés à produire ces installations de production d’énergies alternatives, lesquelles dépendent de leur EROIE (4). De plus, il faudra encore ajouter l’énergie nécessaire pour remplacer les installations d’énergies renouvelables faites 3 à 4 décennies auparavant, ainsi que l’entretien et le remplacement des autres systèmes de production d’énergie.
Ce n’est donc pas très réaliste de prétendre pouvoir ramener en 2050 à quasiment zéro les flux d’énergies fossiles comme le préconisent le GIEC et la majorité des gouvernements. D’abord, devant l’ampleur du défi industriel, il est peu probable qu’il soit possible de se priver des énergies fossiles. D’autre part, les lois du marché et la concurrence internationale font qu’il est hautement probable que toutes les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) qui pourront encore être extraites de la croûte terrestre à un prix concurrentiel le seront et trouveront preneur comme d’habitude. Pourquoi ? Parce qu’aucun gouvernement et leurs administrés ne veulent prendre la responsabilité de laisser décroître leur économie, surtout pour « sauver la planète ».
Alors la Terre va-t-elle brûler comme le prétendent les écologistes ? Bien sûr que non. D’ici là, les gouvernements auront créé une nouvelle institution scientifique démontrant que les gaz à effets de serre n’ont finalement que bien peu d’influence sur le climat et sur le devenir de la Terre. Ils démontreront que le danger vient plutôt d’ailleurs, par exemple d’un groupe humain qui aurait l’audace de suivre une autre idéologie que celle défendue par les détenteurs de la Vérité. De nouvelles mesures urgentes et contraignantes de « dernière chance » seront instaurées et largement diffusées dans les média. Un cortège de jeunes ignorants manifesteront dans les rues et feront la vie dure à tous ceux qui ne joueraient pas le jeu.
Aujourd’hui, le coupable est le CO2. L’énorme effort industriel proposé pour lutter contre ce dernier se fera aux dépens de la biosphère, car finalement, il n’y a pas d’énergie utile propre. En effet, les dégâts anthropiques subis par la biosphère sont proportionnels au cumul de la quantité d’énergie primaire transformée en énergie utile ainsi qu’au cumul d’énergie utile consommée quel que soit le type d’énergie utilisée ( voir chapitre 3 de mon livre). En conséquence, remplacer les énergies fossiles par d’autres formes d’énergies, comme le propose l’Accord de Paris est non écologique, puisque c’est le total des activités humaines, passées et présentes, soutenues par les énergies utiles, quelles que soient leurs origines, qui modifient notre biosphère. Le bon sens nous dit que si la biosphère change alors le climat, la biodiversité et toute la chaîne alimentaire changent aussi, car dans la Nature tout est étroitement lié. Notre civilisation ne pourra pas survivre dans une biosphère trop modifiée.
Si on accepte les arguments exposés jusqu’ici, alors on est en droit de se demander si la transition dite écologique organisée par nos élites l’est vraiment puisqu’elle repose sur deux stratégies totalement antinomiques écologiquement parlant, à savoir : préserver l’environnement tout en préservant les activités humaines qui soutiennent le bon fonctionnement de notre civilisation et qui, en même temps modifient la biosphère sans laquelle notre civilisation ne pourra pas survivre.
Viendra alors un jour où, par manque de flux d’énergie, de flux de matière première, de détérioration de la biosphère, d’agitations sociales, de guerres, de famines, d’épidémies bactériennes, de pandémies virales, et autres fléaux, la civilisation se délitera petit à petit, jusqu’à disparaître quasi complètement, comme je l’explique dans mon livre. Ce ne sera pas la fin du monde, seulement la fin d’une civilisation. L’importante chute démographique et la grande diminution des flux d’énergies utiles qui s’en suivront relâcheront la pression que notre espèce exerce actuellement sur la biosphère. De nombreuses espèces animales et végétales pourront alors se reconstituer et se redévelopper. En un mot, la biosphère retrouvera un équilibre dans lequel chaque espèce, dont l’homo sapiens, trouvera ou retrouvera la juste place qui lui revient au sein de la chaîne alimentaire.
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(1) https://www.durabilitedudeveloppementdurable.com/marge-dincertitude.html
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_des_Trois-Gorges
(3) https://fr.wikipedia.org/wiki/Mix_%C3%A9nerg%C3%A9tique
(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique
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