Croire et faire croire.
Croire est à la base de toute saine communication (voir mon blog du 18 mai 2023). Poser des questions pour mieux comprendre ce que nous sommes censés croire est non seulement normal mais recommandé. Nous avons en plus accès à une énorme quantité d’informations, entre autres sur Internet, pour vérifier, comparer, analyser ce qu’on cherche à nous faire croire. Il est vrai que dans cette masse d’information il n’est pas toujours facile de séparer le bon grain de l’ivraie.
Croire est un acte de foi qui ne se discute pas. Croire aux choses les plus absurdes ne pose aucun problème au croyant puisque croire est à l’opposé de comprendre. Si la croyance peut parfois aider, elle peut aussi conduire à des comportements dangereux tels le fanatisme et la violence quand la croyance se combine avec la peur, l’angoisse ou certaine forme de frustration.
Faire croire quelque chose à quelqu’un de ce dont nous sommes persuadé être la vérité, c’est agir en tant qu’apôtre de cette vérité. Il n’y aurait aucun mal à ça tant que ces croyants ne jugent pas ceux qui ne croient pas à leur vérité comme des impures, des renégats, des agents du mal qu’il faut combattre à tout prix. Malheureusement, c’est le comportement classique de la grande majorité des croyants, non pas que cela vienne d’eux même, mais parce qu’ils ont été éduqués pour cela. L’histoire du monde civilisé est jonchée de tragédies humaines dues à ce comportement.
Pour un esprit scientifique et philosophique (rien à voir avec la profession), il n’y a pas de vérité absolue. L’expression la plus utilisée dans cette forme d’esprit est : ” dans l’état actuel de nos connaissances, tout porte à croire que…”. Pour un tel esprit, tout peut être remis en question à la lueur d’une nouvelle découverte, d’une nouvelle façon d’aborder le problème ou d’un changement de paradigme. C’est comme ça que l’Humanité progresse le mieux. Pour cette forme d’esprit, le dogme n’a pas de valeur.
Faire croire quelque chose à quelqu’un, à une communauté ou à des populations entières, dans le seul but d’en tirer profit est un abus de confiance, une tromperie, un mensonge prémédité. Nos sociétés actuelles pratiquent cette forme d’escroqueries constamment et dans tous les domaines : publicité, arguments politiques, séduction en tous genres, etc. Cette pratique, cette tromperie est entrée dans nos mœurs. Les victimes sont jugées stupides, alors que les menteurs sont jugés habiles et malins, car ils savent ce qui rapporte en argent, en gloire et en puissance. En effet, de nos jours, être capable de faire quelque chose qui rapporte est considéré comme un acte d’intelligence. Toutefois, cette pratique à ses revers. Elle crée une perte de confiance généralisée rendant impossible toute saine communication. La suspicion, la méfiance, la peur parasitent alors toute forme d’échange. Le corollaire est, qu’avec une telle mentalité, nous construisons une société malsaine, n’exigeant du respect qu’envers ceux dont on a besoin ou envers les plus forts, les plus rusés, les plus malins, on dit même maintenant les plus intelligents. Tout ceci créé une société malade psychiquement avec ses symptômes classiques : perte de repère, violence exacerbée, irrespect, vandalisme, addiction à toute sorte de drogues, dont l’argent, etc. Cette pratique “du faire croire” dans le seul but de tirer un profit, ne se limite pas à quelques individus infréquentables. De nos jours, c’est devenu une pratique quasi institutionnalisée, pratiquée autant par des petits vendeurs que par des gouvernements et que par la majorité de nos élites. Pour arriver à leurs fins, ces individus, ces institutions n’hésitent pas à mentir et à manipuler outrageusement les foules rendues dociles après les avoir complètement abruties par toute sorte de techniques. Voir mon blog précédent. Une de ces techniques consiste à répéter encore et encore un message faux, ou du moins non prouvé ou vérifié, jusqu’à ce message devienne une pure vérité indiscutable. Parmi ces formes de tromperie, il y en a une qui me tient à cœur : la menace de l’apocalypse provoquée par le réchauffement climatique. Je suspecte que le but de ces informations malhonnêtes est de faire passer des milliers de milliards d’investissements (pas perdus pour tout le monde) pour « sauver la planète » alors qu’en réalité, ces dépenses ne font qu’endommager encore un peu plus notre biosphère avec toutes les conséquences déjà discutées dans mes différents blogs.
Voici deux petits exemples de manipulation de masse, sans même que les manipulateurs en aient conscience, car eux-mêmes y croient.
Premier exemple :
Le 20 mai 2023, l’émission Reportage de la chaîne ARTE (qui dit en passant, j’apprécie énormément) était consacrée à trois guerres : celle en Ukraine, celle au Soudan et une autre : celle contre le réchauffement climatique.
Cette dernière avait lieu au Sénégal ou l’animateur de l’émission nous expliquait que la côte qui protège la ville de Saint-Louis était la proie de l’érosion des plages de la Langue de Barbarie1. Cette dernière est une bande sablonneuse du delta du fleuve Sénégal. Elle protège la ville de Saint-Louis de l’assaut des vagues de l’Atlantique. Selon le commentateur, cette érosion serait due à la montée des eaux océaniques, elle-même induite par le réchauffement climatique. La caméra et les autochtones nous montrent une plage qui avait jadis (sans préciser le nombre d’années, mais on croit comprendre que jadis représente une génération, soit 25 ans), une largeur de plus de 100m et qui maintenant ne mesure plus qu’à peine 15m. Comme le réchauffement va encore s’accélérer, le reportage laisse sous-entendre que la ville de Saint-Louis, comme tant d’autres villes côtières, allaient disparaître dans un proche futur. Est-ce vraiment une information, sinon scientifique du moins honnête, comme nous le prétend la chaîne Arte ? Voyons ça !
Selon la synthèse des connaissances scientifiques publiée en 20212 par le GIEC, le niveau de la mer a augmenté de 0,20 m (intervalle de confiance très probable : 0,15 à 0,25 m) entre 1901 et 2018. Le rythme de hausse du niveau de la mer s’accélère. La vitesse d’augmentation de ce niveau était de 1,3 mm/an (intervalle de confiance très probable : 0,6 à 2,1 mm/an) entre 1901 et 1971. Elle a augmenté à 1,9 mm/an (intervalle de confiance très probable : 0,8 à 2,9 mm/an) entre 1971 et 2006, puis à 3,7 mm/an (intervalle de confiance très probable : 3,2 à 4,2 mm/an) entre 2006 et 2018. Fin 2022, un rapport de l’Organisation météorologique mondiale3 indique que le niveau moyen des mers a monté d’un centimètre en moins de trois ans, le rythme annuel ayant doublé depuis 1993.
Supposant que pendant la dernière génération l’océan soit monté en moyenne de 3,7 mm/an. En 25 ans, la hausse totale serait de 92.5 mm, soit moins de 10 cm. Pour que la plage soit réduite de 85m (100-15m), il faudrait qu’elle ait une pente moyenne de 0,1%, soit être quasiment plate. Ce n’est pas ce que nous montrent les photos de cette plage.
Si le but du reportage était de nous confirmer que la largeur d’un très grand nombre de plages diminue dans le monde4 à cause de la montée des eaux, il aurait été honnête de nous parler de toutes les autres causes qui ont contribué au rétrécissement de la Langue de Barbarie. Parmi ces causes possibles, il y aurait :
a) Le dragage du sable au large des côtes pour satisfaire la demande de toute sorte d’industrie, 5,6,7,8
b) La destruction de la mangrove9 sur le fleuve Sénégal,
c) La construction du barrage de Diama10 à 27 km en amont de Saint-Louis,
d) L’enfoncement du sol à cause de construction trop lourde ou de l’exploitation des nappes phréatique11 et surtout
e) La construction en 2003 d’une brèche entre la mer et le fleuve12 à 7 km au sud de Saint-Louis.
Si la montée, encore très discrète, du niveau des océans incriminée au réchauffement global ne peut être ignorée, il y a encore bien d’autres raisons pour expliquer le déplacement des traits de cote13. Pourquoi alors les médias s’entêtent à n’accuser que la montée des eaux due au réchauffement climatique et passe sous silence la responsabilité des activités humaines ? D’ailleurs, le réchauffement climatique peut aussi être imputé à l’ensemble des activités humaines et pas seulement celle utilisant les énergies fossiles, comme nous l’avons vu tout au cours de ces blogs. Ne pas mentionner les activités humaines est un mensonge par omission, mais tout de même un mensonge. Pour protéger qui ? Pour protéger quoi ?
Un des autres phénomènes, constamment attribués aux changements climatiques, est les feux de forêts, largement filmés et diffusés par les chaînes TV. Ces dernières semblent prendre plaisir à montrer des scènes tragiques comme des animaux carbonisés ou un vieux couple en pleurs devant les ruines de leur maison. L’émotion du téléspectateur est grande surtout quand le commentateur de ces images nous assure que ces feux seront la règle en 2050, si nous ne parvenons pas à la neutralité carbone d’ici-là. Cette attribution systématique aux changements climatiques se fait à chaud, si j’ose dire, à savoir bien avant que les enquêteurs n’aient donné leur analyse sur la cause de l’incendie. Après-coup, mais que très rarement relevés par les médias, les enquêtes montrent que pour la très grande majorité de ces incendies, la cause initiale est l’activité humaine.14,15 Dans une forêt inhabitée par l’homme, aucun feu ne démarre spontanément, même s’il fait très chaud. La seule cause naturelle des feux de forêt est la foudre. Cela représente un tout petit pourcentage de l’ensemble des feux de forêts enregistré de par le monde. Comme la foudre est souvent accompagnée de pluie, l’étendue d’un feu de forêt d’origine naturelle est nettement plus faible que celle des feux d’origine humaine, surtout en période de climat sec et venteux. En conséquence, tant que la science n’aura pas mesuré le taux de croissance des feux de forêt lié directement ou indirectement aux activités humaines normales, intentionnelles ou criminelles et tant que la science n’aura pas démontré que le taux de croissance du nombre d’impact de foudre est le même que le taux de croissance des incendies de forêt, il n’est pas honnête de déclarer que l’augmentation des feux de forêts soit une conséquence directe des changements climatiques.
Je pourrai continuer avec de nombreux autres exemples ou les médias accusent le réchauffement climatique. Par exemple, dans le cas des inondations et du manque d’eau dans les nappes phréatiques. Il est très rare que soit mentionné la responsabilité des activités humaines tant par ses pratiques agricoles que par son bétonnage à tout-va, diminuant considérablement la perméabilité des sols avec ses conséquences sur les inondations et le remplissage des nappes phréatiques. Ceci juste pour illustrer que toujours accuser le réchauffement climatique comme étant la cause principale de nombreux phénomènes catastrophiques de par le monde est le plus souvent une interprétation incorrecte de ce qu’il se passe vraiment. La Nature est complexe, notre civilisation est complexe, alors relié un effet à une seule cause démontre une ignorance de ce qu’est un système complexe. Cette dramatisation incessante du réchauffement climatique a pour effet de créer, surtout chez les jeunes, une éco-anxiété. Alors, ces derniers manifestent bruyamment pour réclamer des mesures drastiques de la part de leur gouvernement. Ils demandent d’éliminer les énergies fossiles jugées comme les seules responsables et les remplacer au plus vite par des énergies décarbonées. C’est probablement le but de toute cette opération de diabolisation des énergies fossiles. Les grands défenseurs du paradigme économico-industriel, reçoivent ainsi l’aval des nouvelles générations pour couvrir leur pays d’éoliennes, de panneaux photovoltaïques, de centrales nucléaires, de barrages hydroélectriques, sans pour autant se restreindre sur l’utilisation d’énergie fossile absolument nécessaire pour construire ces nouveaux générateurs d’énergie dit vertueux. Voir mon blog du 1er mars 2023.
Hypocrisies de la part de nos dirigeants ? Mensonges éhontés pour gagner du pouvoir ou des fortunes ? Il y a un peu de tout ça, mais à leur décharge, ils sont peut-être bien obliger d’agir ainsi, car même s’ils sont conscients que notre paradigme économico-industriel ne peut être pérenne, ils n’ont aucun moyen de le modifier.
Petite tentative d’explication à cette phrase qui risque bien de déplaire à la grande majorité des écologistes.
Les responsables de notre civilisation mondialisée sont les garants de notre paradigme économico-industriel, soit parce qu’ils croient fermement que c’est le seul moyen pour les humains de pouvoir vivre correctement et s’émanciper des contraintes de la Nature, soit par simple opportunité, quel que soit leur avis philosophique sur la valeur de ce paradigme. Parce que ce dernier est la colonne vertébrale de notre civilisation mondialisée, son affaiblissement entraînerait irrémédiablement un effondrement de notre civilisation. Personne ou presque ne veut ça. Dès lors, nos élites et la grande majorité de la population mondiale sont prêtes à accepter un certain nombre d’agressions envers la biosphère pour que ce paradigme survive, même si certains nous préviennent que nous jouons ainsi avec le feu. Mais, un des traits caractéristiques de notre espèce est de croire à tout et à n’importe quoi, pour autant que cette croyance l’arrange, lui semble faciliter son existence. Alors, on espère que, Dieu pour certains, ou le génie écologique pour d’autres, vont finalement trouver une ou plusieurs solutions pour éviter la catastrophe. Ainsi des centaines, voire des milliers d’écologues, de scientifiques, d’ingénieurs, de politiciens, d’économistes, d’idéalistes de tout bord proposent des solutions et des recommandations plus ou moins hétéroclites, plus ou moins utiles, plus ou moins réalisables. Les garants de notre paradigme adorent ce genre de situation, tout comme ils adorent les minorités militantes… aussi longtemps qu’elles restent des minorités. Toute cette agitation sociale et intellectuelle éloigne la possibilité de s’apercevoir qu’en fait, il n’y a pas de solution technique systémique et collective pour sauver d’un effondrement notre paradigme économico-industriel. Voir le blog du 13 mars 2023. Alors en absence de solution, en absence de sauveur, pourquoi ne profiterions nous pas du système tant que c’est encore possible ? Je pense que c’est l’avis de la grande majorité d’entre nous. Mais la majorité n’a pas nécessairement raison. Si nous continuons de la sorte, nous nous dirigeons très probablement vers un chaos social dont personne ne sait où cela mènera l’humanité.
Pour le moment, et cela devrait faire l’objet d’un grand débat, je ne vois de possible que des changements individuels de mentalité. Des changements non imposés par des institutions ou des moralisateurs, mais venant du tréfonds d’eux-mêmes, après avoir pris conscience de la situation. Les plus clairvoyants, les plus courageux, ceux qui ont un sens social aigu devraient devenir lucides et s’éloigner progressivement de la pensée collective. Probable qu’ils chercheront d’autres valeurs que celles matérielles ou suggérées par l’orgueil ou l’ego, dès lors, ils s’éloigneront du troupeau de consommateurs compulsifs, ils testeront petit à petit d’autres formes d’activités, d’autres formes d’organisation sociétale, qui pourraient devenir autant de germes de sociétés pour l’avenir. Je vous renvoie pour cela à mon blog du 13 mars 2023 et au 11e chapitre de mon livre. Il est difficile de dire pour le moment quel impact cela aura sur l’avenir du monde civilisé, mais, sans aucun doute, ces gens auront une meilleure qualité de vie. Ils auront aussi la fierté d’être les pionniers d’une nouvelle humanité plus en phase avec le Nature. A méditer et à débattre.
Note : avant de reprendre la discussion sur ces thèmes difficiles, je vais interrompre mes blogs jusqu’à la fin de l’été, afin que vous et moi puissions profiter pleinement des beaux jours qui arrivent. Vous pouvez tout de même faire des commentaires sur mes blogs, poser des questions, voire écrire un ou des articles dans la partie appropriée de mon site. Je répondrais à toutes vos sollicitations.
Je vous souhaite à toutes et à tous, un bel et agréable été !
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1 https://www.saintlouisdusenegal.com/langue-de-barbarie/
2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Sixi%C3%A8me_rapport_d%27%C3%A9valuation_du_GIEC
3 Organisation météorologique mondiale — Wikipédia (wikipedia.org)
4 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89rosion_du_littoral
5 https://www.mer-ocean.com/la-penurie-de-sable-et-son-dragage-intensif-a-lorigine-de-la-destruction-de-lenvironnement-marin-et-sous-marin/
6 https://www.consoglobe.com/le-sable-une-ressource-en-voie-de-disparition-cg
7 https://mrmondialisation.org/exploitation-du-sable-jusqua-90-des-plages-sont-menacees-de-disparition/
8 https://aquadocs.org/bitstream/handle/1834/2738/MEMODEA_AD.pdf?sequence=1&isAllowed=y
9 https://www.doc-developpement-durable.org/file/Culture/Arbres-Bois-de-Rapport-Reforestation/mangrove/Les%20Mangroves%20du%20S%C3%A9n%C3%A9gal%20-%20politiques%20-%20Canary.pdf
10 https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_Diama à 27 km en amont de Saint Louis
11 https://www.geo.fr/environnement/quest-ce-que-la-subsidence-ce-phenomene-qui-fait-saffaisser-de-nombreuses-villes-cotieres-du-monde-210347
12 https://www.klima.ong/varcin-saint-louis-du-senegal/
13 https://www.monlittoral.fr/littoral/connaissances-physiques/
14 https://www.francebleu.fr/infos/environnement/incendies-avec-plus-de-62-000-hectares-brules-l-annee-2022-d-ores-et-deja-record-1661523187
15 https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/foret-feux-foret-sont-causes-7730/
16 https://www.ompe.org/causes-et-consequences-des-incendies-de-foret/
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