Bref rappel historique à propos des inquiétudes sur les changements climatiques et de la création du GIEC :
Déjà, dans les années 1940, un géophysicien américain du nom de Marion King Hubbert a montré que le taux d’extraction annuelle de toute richesse enfouie dans la croûte terrestre subissait la loi des rendements décroissants (voir chapitre 11 de mon livre). Son travail n’a été vraiment reconnu que lorsque ses prédictions, affirmant que la production américaine de pétrole conventionnel passerait par un maximum en 1970, furent confirmées.
Dans les années 1960. Aux États-Unis, Syukuro Manabe et ses collègues de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) ont jetéles bases de la prédiction de la réponse du climat aux émissions de CO2 émises par les énergies fossiles. En 2021, les travaux de Manabe ont été couronnés par le prix Nobel de physique.
1970-1972. La production de pétrole conventionnel est en baisse aux États-Unis, en accord avec les prévisions de Marion King Hubbert. Le monde économico-industriel prend alors conscience que pour que notre système économico-industriel survive, les technosciences devront imaginer des sources d’énergies alternatives à celles des énergies fossiles. De gros espoirs naissent au sujet de l’énergie nucléaire.
1984-1985 La grève des mineurs britanniquesest un épisode important de l’histoire de l’industrie britannique et de sa dépendance aux énergies fossiles. La grève fut durement réprimée par le gouvernement Thatcher et aboutit à la défaite des mineurs. Rendre impopulaire les énergies fossiles au profit d’énergies alternatives est devenu une stratégie pour beaucoup de gouvernements.
En 1985, le Goddard Institute for Space Studies, le GISS (dirigé par James Hansen de 1981 à 2013), enregistre une augmentation de la température moyenne de la Terre de l’ordre de 0,15 à 0,20 °C depuis 1975.
Durant l’été 1988, la sécheresse nord-américaine se classe parmi les pires épisodes climatiques avec celles du Dust Bowl de 1930, créant des méga-feux en particulier dans le parc national de Yellowstone.
Le 23 juin 1988, soit au tout début de la période des incendies de Yellowstone, une commission du Sénat américain convoque différents scientifiques pour tenter de comprendre les raisons de la vague de chaleur exceptionnelle qui sévit sur le pays. James Hansen, alors aussi climatologue en chef de la NASA, fait sensation en assurant que le phénomène traduit le fait que l’atmosphère terrestre est en train de se réchauffer. Il l’explique par l’amplification de « l’effet de serre » naturel depuis les débuts de la révolution industrielle, du fait des émissions de gaz de dioxyde de carbone liées à la combustion du charbon, du gaz et du pétrole.
Quasi simultanément, du 19 au 25 juin 1988, se tient à Toronto le sommet du G7 réunissant les dirigeants des 7 pays démocratiques les plus industrialisés. Alerté par ce qui se passe aux États-Unis et par la théorie de James Hansen, deux organismes de l’ONU (L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM] et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) décident de créer un centre d’expertise destiné à collecter toute la littérature scientifique sur les changements climatiques en vue d’éclairer les responsables politiques. Toutefois, sous la pression de Madame Thatcher et de Monsieur Reagan, il est décidé par le G7 que ce groupe d’étude ne devrait pas être confié uniquement à des scientifiques, mais que les gouvernements devraient avoir un contrôle sur ses travaux.
Déjà en novembre 1988, à peine 6 mois après le début des incendies dans Yellowstone, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) créent le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) dans sa forme actuelle. Seule la thèse de James Hansen selon laquelle les changements climatiques sont principalement causés par les gaz à effet de serre, particulièrement le CO2 anthropique, est retenue.
En août 1990, soit seulement 22 mois après la formation du GIEC, ce dernier sort déjà son premier rapport. Contrairement à ce que nous aurions pu espérer d’un groupe en charge de comprendre les changements climatiques, il n’a pas été étudié en premier lieu toutes les causes qui pourraient influencer le climat. Ce travail aurait sans doute duré plus de 22 mois. Dès le départ, ce groupe d’experts n’a retenu que le postulat de James Hansen statuant que le réchauffement climatique est uniquement dû à l’augmentation anthropique du taux des gaz à effet de serre, essentiellement ceux du CO2 provenant de la surexploitation des énergies fossiles. Tout test de réfutabilité de ce postulat a été soigneusement écarté, ce qui est contraire à la pratique scientifique. Pour justifier son postulat, James Hansen se base sur les travaux de Syukuro Manabe (voir plus haut) et de Svante August Arrhenius, qui, en 1896, indiquait que le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a un impact sur les températures terrestres. Ce dernier estimait qu’un doublement de la quantité de dioxyde de carbone devrait augmenter de 4 °C la température moyenne à la surface de la Terre. De nombreux physiciens sont en désaccord avec cette théorie. Si la recherche des causes des changements climatiques a été bâclée, le travail du GIEC sur l’évolution du climat semble correct. C’est d’ailleurs pour cela qu’il a été créé. Où le GIEC dépasse ses prérogatives, c’est en faisant le lien entre les changements climatiques observé et la quantité de CO2 produite par la consommation d’énergies fossiles.
2015 : L’Accord de Paris. Basé sur un postulat non vérifié, l’objectif de cet accord est de « réduire considérablement les émissions mondiales de gaz à effet de serre dans le but de limiter à 2 °C le réchauffement planétaire au cours du siècle présent, tout en poursuivant l’action menée pour le limiter encore davantage à 1,5 °C ». Il sera établi par le GIEC que, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre devront culminer avant 2025 et diminuer de 43 % d’ici 2030, soit une diminution de la consommation d’énergie fossile d’environ 7 % par an. Afin que le paradigme économico-industriel survive le monde industriel devra compenser une perte de flux d’énergie de près de 8000 TWh chaque année. Un vrai défi sachant que le barrage des Trois Gorges en Chine produit au maximum 100 TWh/an et qu’il aura fallu 20 ans pour le construire. De même, le flux d’énergie des plus puissantes centrales nucléaires est de l’ordre de 10 TWh/an et nécessite plus de 10 ans pour être opérationnel.
2025 Quels sont les résultats atteints jusqu’à présent ?
Voici maintenant près de 37 ans que la politique de réduction du taux de CO2 atmosphérique est en point de mire. A-t-elle déjà obtenu des résultats probants ? Pas vraiment : le taux de CO2 atmosphérique continue de grimper. La production annuelle d’énergie fossile (pétrole, charbon et gaz) n’a pas vraiment baissé, elle est même encore en légère croissance. La consommation totale d’énergie continue d’augmenter, surtout grâce à la forte progression des énergies renouvelables (d’ailleurs construites à partir d’énergie fossile). Bref, tout le monde industriel est gagnant. Tous les producteurs d’énergies fossiles et renouvelables trouvent leur compte. Un seul perdant : la biosphère et, du coup, des millions d’espèces biologiques, dont les humains. Résultat : la biosphère est de plus en plus artificialisée, le climat semble se détériorer de plus en plus avec des records de chaleur jamais atteints et des variations climatiques de plus en plus erratiques. Bref, un sacré gâchis !
Ce bref historique ne vous suggère-t-il pas quelque chose ?
Nous discuterons de cela dans le prochain blog.
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